Propriété familiale en démembrement contre donation en quasi usufruit
La convention de quasi-usufruit est un acte rarement évoqué au moment d’une succession. Pourtant son utilité est certaine lorsque le défunt laisse des sommes d’argent en démembrement de propriété. Définition, intérêt et coût : on vous explique tout.
Avant de comprendre la convention, il faut comprendre le quasi-usufruit ! Le quasi-usufruit est un droit de propriété réduit, qui se retrouve rarement en pratique. Il naît du démembrement de propriété, dans le cadre d’une donation ou d’une succession sur des biens « consomptibles », conformément à l’article 587 du Code civil.
En principe, lorsque vous êtes propriétaire d’un bien, vous en avez la pleine propriété. Dès lors, vous disposez de tous les droits sur ce bien : vous pouvez l’utiliser, le vendre, le donner… Dans certaines situations, la propriété est « démembrée ». Le démembrement de propriété permet d’attribuer à plusieurs personnes des droits distincts :
Le démembrement de propriété intervient dans le cadre de 2 opérations :
C’est l’acte de donation ou de succession qui officialise le démembrement de propriété : à ce stade, pas de convention supplémentaire.
Votre parent vous donne la nue-propriété de la maison familiale de vacances. En tant qu’usufruitier, il continue ainsi d’en jouir : il peut s’y rendre, la louer pour percevoir des revenus complémentaires… De votre côté, vous vous offrez un avantage fiscal : vous payez des droits de donation réduits (calculés sur la valeur minime de la nue-propriété, après abattement) et quand votre parent décède, vous récupérez gratuitement l’usufruit, sans payer de droits de succession.
Votre père décède, votre mère choisit d’hériter de toute la succession en usufruit. Au décès de votre père, vous payez des droits de succession sur la valeur minime de la nue-propriété, après application de l’abattement. Votre mère peut continuer à jouir des biens mobiliers et immobiliers toute sa vie. Et à son décès, vous héritez gratuitement de tout le patrimoine.
Il est facile de comprendre l’usufruit sur des biens immobiliers : l’usufruitier peut habiter les biens ou les mettre en location et percevoir les loyers. Mais il ne peut pas vendre : le patrimoine doit être intact à la fin de l’usufruit, le nu-propriétaire doit récupérer les biens. Alors quid de l’usufruit sur des sommes d’argent ? L’argent est un bien « consomptible » : c’est-à-dire que contrairement aux biens immobiliers et mobiliers, il disparaît quand il est utilisé. Dans ces conditions, les droits de l’usufruitier et du nu-propriétaire paraissent difficiles à organiser. Si l’usufruitier dépense tout l’argent (il a le droit d’en jouir), les droits du nu-propriétaire sont bafoués : il ne récupère rien. Mais s’il ne peut pas dépenser cet argent, ce sont les droits de l’usufruitier qui sont bafoués. La loi prévoit donc que l’usufruit devient quasi-usufruit lorsqu’il porte sur de l’argent.
Si la convention de quasi-usufruit n’est pas obligatoire, elle s’avère utile en pratique…
Votre parent décède en laissant de l’argent ? Compte courant, PEL, Livret A et autres placements d’épargne : le sort successoral de cet argent doit être déterminé, et notamment lorsque le défunt laisse son époux et des enfants. Dans cette situation en effet, le conjoint survivant la plupart du temps choisit d’hériter de toute la succession en usufruit. Et vous devenez nu-propriétaire de tout le patrimoine. Sur les biens immobiliers, pas de difficulté particulière. Pour l’argent, vous avez intérêt à demander au notaire de prévoir une convention de quasi-usufruit pour mieux organiser et sécuriser les droits de chacun. Cet acte en effet vous permet de préserver vos intérêts patrimoniaux, mais aussi d’éviter une double imposition de votre héritage.
Le quasi-usufruit est légal : c’est-à-dire qu’a priori, il s’applique automatiquement, sans besoin de le contractualiser par écrit. Pourtant en pratique, difficile d’appliquer le quasi-usufruit légal.
Illustration :
En établissant une convention de quasi-usufruit au décès de votre 1er parent, vous consignez par écrit la créance de restitution.
Les modalités de restitution sont prévues, la transmission de l’argent au décès de votre mère est parfaitement encadrée par la convention de quasi-usufruit.
A noter : vous pouvez même prévoir conventionnellement la revalorisation de la créance de restitution. 100 000 € en 2021 n’ont pas la même valeur 20 ans plus tard…
L’avantage de la convention de quasi-usufruit est également fiscal. Elle vous permet en effet de prouver que vous avez payé des droits de succession au moment de recevoir la nue-propriété. Et en identifiant le quasi-usufruit, vous êtes assuré de le recevoir gratuitement au décès de votre 2nd parent.
Illustration :
Le risque en l’absence de convention de quasi-usufruit : les sommes non identifiées sont considérées comme faisant partie de la succession de votre mère, et cette confusion sur les patrimoines vous oblige à payer des droits de succession pour en hériter.
Si la succession de votre 2nd parent ne comporte ni biens ni argent, impossible de récupérer votre créance de restitution. Profitez de la convention de quasi-usufruit pour prévoir des garanties. En imposant un cautionnement, par exemple, vous êtes sûr de préserver vos intérêts économiques.
A noter : cette précaution, rare en pratique, est utile dans le cadre de familles recomposées pour protéger tous les enfants.
La convention de quasi-usufruit est rédigée par le notaire au jour de la succession. Les frais de notaire pour l’établissement de cet acte ne sont pas réglementés : le notaire fixe librement ses honoraires. Sachez que :
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Bonjour
Article très interessant
Ube question : une donation entre époux permet elle d éviter la convention de quasi usufruit sur les comptes bancaire en nom propre à l époux décédé.
Merci d avance Salutation c Perrain
Bonjour,
La donation entre époux, ou donation au dernier vivant, permet d'augmenter la part successorale du conjoint survivant. En présence d'enfants, en tout état de cause, les enfants sont appelés à recevoir a minima leur réserve héréditaire.
Si le compte bancaire en nom propre de l'époux décédé revient en pleine propriété au conjoint survivant, la convention de quasi-usufruit n'a pas lieu d'être. Si en revanche la somme d'argent est transmise en démembrement de propriété (nue-propriété aux enfants et usufruit au conjoint survivant), la convention de quasi-usufruit garde toute son utilité.
Sachez que la convention est mise en place au décès du 1er époux : c'est à ce moment que votre notaire vous éclaire sur l'opportunité d'une convention de quasi-usufruit, si tant est que l'argent est transmis en démembrement de propriété.